Au cours des dernières années, de nombreuses études neuroscientifiques ont porté sur la relation entre le sport et les capacités cognitives dans différentes populations, des plus jeunes aux plus âgés.
Sport et activité physique : quelles différences ?
L’activité physique désigne tous les mouvements du corps qui augmentent la dépense énergétique. Elle peut être pratiquée au quotidien, librement, sans objectif de performance. Marcher, danser, faire du vélo pour se déplacer, jardiner ou monter les escaliers sont des exemples simples d’activité physique, essentiels pour la santé et le bien-être.
Le sport, lui, est une activité physique structurée, définie par des règles précises, souvent pratiquée en club ou dans un cadre encadré. Il vise la progression, la performance, et peut inclure une dimension compétitive. Football, natation, judo ou basket sont des sports.
Ainsi, tout sport est une activité physique, mais toute activité physique n’est pas un sport.
Pratiquer une activité physique pour quels bénéfices ?
L’apprentissage d’une activité motrice comme jouer du piano ou taper dans une balle de golf met en jeu la plasticité du cerveau et entraîne des changements structurels et fonctionnels.
Il a été montré que dans les aires cérébrales dédiées aux parties du corps sollicitées lors des gestes essentiels à l’activité comme les mains pour un pianiste, les bras pour un golfeur ou les jambes pour un footballeur, on observait :
- Un épaississement de la gaine de myéline, dont le rôle est de conduire l’influx nerveux de manière plus efficace le long de l’axone. Cet épaississement augmente de façon significative la vitesse de propagation du signal électrique dans le neurone.
- Une augmentation du nombre de synapses permettant à un neurone de transmettre le signal à plus de neurones voisins et d’accroître ainsi la diffusion de l’influx nerveux entre les régions cérébrales,
- Une optimisation de la connexion entre les régions cérébrales activées lors du mouvement avec la mise en place de réseaux de neurones préférentiels qui permettent de ne solliciter que les muscles indispensables au mouvement.
Lorsque le geste est appris, la pratique régulière de l’activité conduit à des automatismes moteurs entraînant une diminution de l’attention nécessaire pour exécuter le mouvement.
La plasticité cérébrale induite par l’activité physique dépend de la durée et de la fréquence de pratique. Ces variables constituent une valeur que l’on pourrait appeler « une dose » qui, comme dans le cas d’un médicament, aurait des effets bénéfiques selon l’état de base de la personne. Il a en effet été montré que chez des personnes sédentaires, une petite dose d’activité physique régulière influençait les capacités cognitives alors que la dose nécessaire pour observer un effet devait être plus importante chez les sujets entraînés.
D’autre part, la nature de l’activité physique est importante pour obtenir des effets bénéfiques sur les capacités cérébrales telles que l’apprentissage, l’attention ou la mémoire. Enfin, il faut distinguer les effets transitoires d’un exercice intense des effets plus durables d’une activité moins intense mais régulière.
Une analyse récente de plusieurs articles scientifiques comparant l’effet de différents types d’activités physique chez les enfants et les adolescents sur leur capacités cognitives montre que les activités réalisées en équipe sont optimales pour l’apprentissage, la concentration, la précision des gestes et la diminution du temps de réaction. Cette activité physique nécessite des mouvements complexes, une intégration continue d’informations visuelles comme les positions des autres joueurs et des prises de décisions rapides. La danse favorise se favorise également la plasticité cérébrale grâce aux éléments chorégraphiques et rythmiques complexes qui stimulent des zones du cerveau cruciales pour la mémoire et le contrôle.
Les activités telles que la course à pied ou la marche, bien qu’importantes pour prévenir les maladies cardiovasculaires et respiratoires, semblent avoir un effet moindre sur les capacités cérébrales.
Du sport à la rééducation motrice
Lors du vieillissement, les performances cognitives déclinent en particulier à cause d’une diminution du volume cérébral et d’une perte de connectivité. Comme évoqué précédemment, l’activité physique entraîne l’épaississement de la gaine de myéline, l’augmentation du nombre de synapses entre les neurones et renforce les connexions fonctionnelles entre les aires cérébrales au même titre que les loisirs créatifs, la lecture, le jardinage ou l’engagement social.
Comme pour les plus jeunes, les activités nécessitant la coordination de plusieurs membres ou le traitement d’informations de l’environnement sont les plus bénéfiques.
Bien que l’effet de l’activité physique sur les capacités du cerveau vieillissant semble bénéfique, les mécanismes qui sous-tendent la préservation ou la restauration des capacités cérébrales restent encore mal connus.